Les stupas sont des tours sacrées de tradition indienne et himalayenne. Stūpa est un mot sanskrit, ont dit tǎ (塔) en chinois, et chörten en tibétain. Ces constructions sont bien souvent des reliquaires contenant les restes funéraires de moines ou des textes religieux.

En français, on dit parfois pagode pour stupa, mais cette appellation est ambiguë, puisque pagode peut aussi désigner l’ensemble du temple.

Les stupas que l’on observe à Pékin, entre les immeubles de la zone urbaine et dans les montagnes des alentours, témoignent de l’histoire du bouddhiste en Chine, jusqu’à ce que leur présence devienne tellement évidente que même certains temples taoïstes s’en dotèrent. On observe deux styles essentiellement:

• Les stupas des dynasties Liao et Jin, en briques, à base généralement octogonale, parfois carrée, avec des étages bien marqués et dont le nombre relève de la symbolique numérique indienne. Ce style était en fait présent en Chine avant les dynastie Liao et Jin, notamment à l’époque Tang, voire avant.
• Les stupas de forme tibétaine ou népalaise, avec un bulbe généralement peint en blanc et surmonté d’un cône. Le socle est souvent carré.

Voici une succincte présentation de quelques unes d’entre elles.

Le stupa du temple Tianningsi

Le stupa du Temple Tianningsi (天宁寺) est le plus haut de la zone urbaine de Pékin. Il présente treize niveaux. Sa première version fut construite de 1119 à 1120 sous la dynastie Liao (fondée dans le Nord de la Chine par le clan Yelü du peuple Khitan). Ses briques grises et sa forme octogonale sont caractéristiques des stupas de cette époque. Les rénovations opérées sous la dynastie Ming et après le tremblement de terre de 1976 conservèrent la base et les décorations originelles du XII^e siècle.

À l’ouest, lui fait concurrence une cheminée située dans le Parc Tianning n°1 (天宁1号), une friche industrielle réhabilitée.

Le stupa du Vieux homme à Xisi

Au cœur de Pékin, dans le quartier Xisi, se dressent les neuf niveaux d’un stupa en briques grises de style Liao. Sa première version date de la dynastie Yuan, puis il fut rénové et reconstruit plusieurs fois.

Le temple de la Pagode blanche

Le temple de la Pagode blanche (白塔寺) date de la dynastie Yuan fondée par Kubilaï Khan (1215-1294), un petit-fils du conquérant mongol Gengis Khan. Ce temple renferme un stupa blanc de style népalais (ou, si l’on préfère, tibétain ou himalayen) de 50 m de hauteur. Il est attribué à Arniko (1245-1306), un Népalais qui travaillait au service de Kubilaï Khan, tout comme le Vénitien Marco Polo.

La pagode du lac Beihai

Une autre pagode de style tibétain, blanche aussi, se voit de loin dressée sur l’île Qionghuadao du lac Beihai. Elle mesure 35 m de haut et fut érigée en 1651 sous le règne de l’empereur Shunzhi de la dynastie Qing, en l’honneur de la visite à Pékin en 1652 du 5^e dalaï-lama venu de Lhassa pour rencontrer l’empereur.

Le temple des Cinq Pagodes

Le Temple des Cinq pagodes (五塔寺) se trouve au sein du Musée de la sculpture sur pierre (北京石刻艺术博物馆). Cette élégante construction fut érigée en 1473, sous le règne de l’empereur Chenghua (1447-1487) de la dynastie Ming à partir d’un modèle en pierre du temple de la Mahabodhi offert par une ambassade indienne à son ancêtre l’empereur Yongle (règne 1360-1424).

Le stupa de Dipamkara à Tongzhou

À Tongzhou, dans le parc Xihaizi (西海子), le stupa de Dipamkara (燃灯佛舍利塔) en briques et à treize niveaux exhibe un style Liao. Cependant, la première version daterait du VI^e siècle et serait donc antérieure aux Liao de plusieurs siècles. Il s’agirait d’un des plus anciens stupas de la région de Pékin. Il fut rénové à maintes reprises. Difficile de dire s’il subsiste des éléments de la première version.

Stupa du panchen-lama au temple jaune de l’Ouest

Le stupa du panchen-lama date du XVIII^e siècle. Il se trouve dans le Temple jaune de l’ouest (西黄寺) qui fut achevé en 1652 (sans pagode) pour accueillir le 5^e dalaï-lama venu de Lhassa rencontrer l’empereur Shunzhi de la dynastie Qing, puis rénové en 1780, pour la visite du 6^e panchen-lama sous le règne de l’empereur Qianlong. Le 6^e panchen-lama succomba de la variole à Pékin, et, en 1782, l’empereur Qianlong érigea le stupa en l’honneur du dignitaire tibétain défunt.

La forêt de stupas des monts Yinshan

La forêt de stupas de Yinshan (银山塔林) cumulent dix-sept stupas dont l’édification débuta en 1125 du temps de la dynastie Liao. Les stupas octogonaux en briques sont typiques de cette époque.

[Mise à jour le 6 septembre 2025.]

Découverte de la Chine et de sa culture.