À l’extérieur de porte Xizhimen, face à l’entrée nord du Zoo de Pékin, se trouve le temple des Cinq Pagodes ainsi appelé car le toit du bâtiment principal est surmonté de cinq petites pagodes pyramidales, une sur chaque coin et une au centre, s’inspirant de la structure du temple de la Mahabodhi situé à Bodhgaya en Inde. Mais ici, en plus des cinq pagodes à faces triangulaires, se voit un pavillon de style chinois à base carrée, et à double toit, l’inférieur carré, le supérieur rond, tous deux couverts de tuiles vernies.


Cette splendide construction fut érigée en 1473, sous le règne de l’empereur Chenghua (1447-1487) de la dynastie Ming à partir d’un modèle en pierre du temple de la Mahabodhi offert par une ambassade indienne à son ancêtre l’empereur Yongle (règne 1360-1424).

En fait, temple des Cinq Pagodes est une appellation populaire du temple original qui s’appelait Zhenjuesi (真觉寺) jusqu’en 1751, et Zhengjuesi (正觉寺) ensuite. Elle s’est imposée car de l’ancien temple ne reste que cette construction de pierres et de briques. Les structures de bois tout autour furent démantelés en 1927 et leurs matériaux vendus par la communauté monacale (ici des lamas tibétains et mongols) privée du soutien de la société civile appauvrie et de l’État.
Les actuels bâtiments latéraux furent ajoutés récemment pour accueillir les collections du musée de la Sculpture sur pierre de Pékin (北京石刻艺术博物馆).
L’EXTÉRIEUR DU BÂTIMENT:
Les cinq niveaux supérieurs des parois extérieures sont divisés en près de quatre-cents niches renfermant des représentations du Bouddha assis arborant différentes positions des mains et diverses coiffes. Le total de bouddhas sur les parois s’élèvent à près de 1600 en ajoutant les sculptures sur les pagodes du toit.

Le niveau bas du bâtiment est couvert de figures tantriques: dorjes (en tibétain) ou vajras (en sanskrit) qui sont des symboles de puissance, roues du dharma, chevaux, lions, éléphants, paons, lotus. Sont aussi présents les quatre Rois célestes et deux arhats (ou luohan en chinois).


L’arc des portes sud et nord est garni avec la série de six figures appelée liù ná jù (六拏具): l’oiseau fabuleux garuda au sommet, puis en descendant de chaque côté, une fille dragon, un monstre marin avec un long museau et des dents pointues, un bouc ailé pouvant servir de monture, un lion et un éléphant.


L’INTÉRIEUR DU BÂTIMENT:
Après être entrés par la porte sud, nous voyons que l’épaisseur du mur atteint quatre mètres et que le volume central est occupé par une large colonne rectangulaire entouré d’un couloir. Quelque part ici, dans les murs ou dans la colonne centrale, à la demande de l’empereur Ming Chenghua, furent emmurés des sutras bouddhiques.

De gauche à droite: l’accès de l’escalier ouest montant à l’intérieur du mur vers la plateforme du toit, l’extrémité ouest du couloir rectangulaire faisant le tour de la colonne centrale, une table et deux vases devant la statue de Sakyamuni. @Rémi Anicotte (26 décembre 2023)
Dans le mur de chaque côté de la porte sud, monte un escalier.

Le plafond du hall d’entrée comporte un caisson octogonal semblable à ceux des grottes de Dunhuang au Gansu. Au centre du caisson, un dragon en céramique.

Le couloir fait le tour du tronc central rectangulaire sur chaque côté duquel est creusée une niche abritant une statue de bouddha assis. Trois sont des originaux en pierre, la quatrième en bronze est plus récente:
- Sakyamuni (释迦牟尼) au sud, sa main droite forme devant le giron un récipient vide symbolisant l’état mental atteint grâce à la méditation, la gauche touche la terre du bout des doigts afin d’en tirer la force pour lutter contre les salves de distractions qui détournent de l’illumination.

- Amitabha (阿弥陀佛) à l’ouest.
- Dipamkara (燃灯佛) au nord. Cette statue en bronze fut offerte par le 10e panchen-lama (1938-1989) en remplacement de l’original disparu.

- Bhaishajyaguru (药师佛) à l’est.
Ainsi, d’ouest en est, nous reconnaissons la trinité des trois mondes, dite aussi trinité horizontale, formée d’Amitabha (bouddha du paradis de l’ouest), de Sakyamuni (bouddha du monde présent) et de Bhaishajyaguru (bouddha du paradis de l’est et bouddha de la médecine).
Par contre, du sud au nord, la trinité des trois ères, ou trinité verticale, est incomplète puisque, s’il y a bien Sakyamuni (bouddha du présent) et Dipamkara (le bouddha du passé), il manque Maitreya (le bouddha de l’avenir) qui doit donc être placé sur le toit.

[Mise à jour le 8 janvier 2025]
