En Chine, le rouge est la couleur du sacré et du solennel, de la joie et du succès aussi. Et au XXe siècle, il se vit investi d’une fonction supplémentaire : celle de représenter la «modernité» du moment à l’aide de briques rouges (hóng zhuān 红砖).
À gauche, des briques rouges et bloc de béton d’un mur de l’ancienne imprimerie devenue le 77 Cultural and Creative Industrial Park. @Rémi Anicotte (2 août 2025)
Les briques rouges sont obtenues en laissant l’argile s’oxyder lors de la cuisson. Leur couleur est orangée plutôt que rouge si l’on n’ajoute pas d’autres colorants, elles sont malgré tout appelées briques rouges en Chine, où elles contrastent avec les briques grises (qīngzhuān 青砖) traditionnelles produites en empêchant l’oxydation lors de la cuisson.

Les briques rouges apparurent semble-t-il d’abord dans les établissements d’enseignement supérieur qui émulaient les université britanniques et américaines, et qui finissaient de casser les codes de l’Empire chinois déchu après la révolution républicaine de 1911. Le plus emblématique est le Bâtiment rouge de l’Université de Pékin achevé en 1918. Il abrita le siège administratif de l’université et ses sections littéraires jusqu’au déménagement sur l’actuel campus de Haidian en 1952 qui était précédemment occupé par l’Université Yenching (燕京大学).
Dans les années 1920-1930, les commerçants s’approprièrent ce nouveau symbole de modernité, par exemple un studio de photographie à Dongsi et un tailleur à Xisi.


Par ailleurs, la modernité des années 1950-1970 mit les usines en centre-ville, puis celle des années 1990-2000 les en chassa, créant des friches industrielles de briques grises, dont certains furent réhabilitées, comme l’ancienne imprimerie située au nord du Musée des beaux-arts et qui est devenue le 77 Cultural and Creative Industrial Park.

Pour les habitants de Pékin, ces briques rouges, séculaires ou récentes, ne sont plus souvent qu’une partie du décor d’une ville vibrante et variée.


[Mise à jour le 10 août 2025.]
