En Chine, des arches, appelée páilóu (牌樓) ou páifāng (牌坊), sont construites pour marquer l’entrée d’une rue ou d’un pont, ou encore pour esquisser une esplanade qui n’est pas autrement murée. Il s’agit de signaler symboliquement le passage entre deux espaces.

Arche impériale à trois arcs et trois toits (soutenus par des tenons mortaises et couverts de tuiles vertes) au sud du pont de la paix éternelle (Yǒng’ānqiáo 永安桥) dans le parc Beihai à Pékin. @Rémi Anicotte (18 novembre 2023)

Ces arches peuvent se limiter à un seul arc formé par deux piliers, alors elles peuvent avoir un toit surmontant l’arc, ou bien trois toits : un au-dessus de l’arc, plus un au-dessus de chaque pilier.

Succession de deux arches en pierre à un seul arc et trois toits, sans tuiles, ni imitation de tenons mortaises, à Chún’ān xiàn (淳安县), municipalité de Hangzhou, Zhejiang. @Rémi Anicotte (12 avril 2025)

Elles peuvent aussi avoir trois arcs et trois toits (un par arc), voire cinq et même sept toits. Etc. Elles ont ainsi tendance à devenir des morceaux de bravoure techniques aussi m’as-tu-vue que possible.

Du temps de l’Empire, jusqu’en 1911, ces toits étaient portés par des tenons mortaises (dǒugǒng 斗拱) uniquement si l’arche était commandée par l’administration centrale, et dans ce cas, les toits étaient couverts de tuiles vernies dorées (rang le plus élevé) ou vertes (un cran en-dessous).

Deux des arches impériales à trois arcs, sept toits, tenons mortaises, tuiles dorées qui marquent l’esplanade à l’entrée du temple des lamas (Yōnghé gōng 雍和宫) à Pékin. @Rémi Anicotte (11 août 2024)

Les arches impériales étaient généralement réalisées en bois, parfois en briques couvertes de céramiques vernies. En revanche, la pierre était de rigueur dans les sites funéraires.

Arche Lingxingmen en pierre au tombeau Xiaoling à Nankin (明孝陵棂星门). @Rémi Anicotte (11 décembre 2025)
Arche républicaine devant le mausolée de Sun Yats-sen (mort en 1925) à Nankin : trois arcs, trois toits couverts de tuiles bleues, une couleur hors des protocoles impériaux auxquels la République de Chine avait mis fin. Absence d’imitation en pierre de tenons mortaises également pour que le tombeaux du fondateur de la République se démarque de ceux des anciens empereurs. @Rémi Anicotte (17 septembre 2025)

En revanche, les arches non impériales, par exemples financées localement par des associations commerçantes, artisanales ou religieuses, ne connaissaient pas de normes pour les matériaux, simplement elles évitaient que les éléments décoratifs ressemblent à des tenons mortaises ce qui aurait constitué un périlleux crime de lèse-majesté.

Celles de certaines rues commerçantes furent reconstruites en acier à la fin du XIXe siècle pour suivre la vogue lancée par l’Exposition universelle de 1889 à Paris et l’inauguration de la tour Eiffel. D’autres peuvent avoir une apparence d’arche à trois arcs et trois toits pour la partie supérieure, mais avec deux piliers rabotés en bas afin de libérer un passage plus large.

Arche récente à deux piliers porteurs, mais trois segments de toiture, à l’extrémité est de la rue Lóngfúsì jiē (隆福寺街) à Pékin. @Rémi Anicotte (2 août 2025)

On conjecture une origine indienne des arches chinoises, ce scénario semble raisonnable : la forme serait venue de l’aire culturelle indienne il y a deux mille ans par la Route de la soie continentale, puis elle se serait localisée et aurait connu les développements que nous venons de présenter.

Arche Jǐngdé (景德) à trois arcs et sept toits, tenons mortaises et tuiles vernies vertes, initialement située devant le temple des souverains passés (Lìdài dìwáng miào 历代帝王庙) à Pékin, démontée en 1954, et remontée dans le hall du Musée de la capitale (Shǒudū Bówùguǎn 首都博物馆) en 2004. @Rémi Anicotte (31 octobre 2025)

[Mise à jour le 12 décembre 2025.]


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