
À l’époque de la dynastie Qing (1644-1911), la polygamie impériale distinguait huit rangs qui cadraient le statut de chaque conjointe, ainsi que la rente et les avantages en nature qu’elle recevait. Le protocole distinguait par prestige décroissant :
- l’Impératrice consort (huánghòu 皇后), elle disposait de dix servantes, dirigeait le harem, et logeait dans la partie centrale de la Cité interdite,
- la Noble favorite impériale (huángguìfēi 皇貴妃), elle avait huit servantes,
- les Nobles favorites (guìfēi 貴妃), deux au plus, ayant chacune huit servantes,
- les Favorites (fēi 妃), quatre au plus, avec chacune 6 servantes,
- les Concubines (pín嬪), six au plus, avec chacune 6 servantes,
- les Nobles dames (guìrén 貴人), leur effectif n’était pas limité, elles disposaient chacune de quatre servantes,
- les Accompagnantes (chángzài 常在) avaient toutes trois servantes,
- les Promises (dāyìng答應) avec deux servantes.
Les favorites et concubines bénéficiaient chacune d’une cour privée située dans les Six Palais de l’Ouest (Xī liù gōng 西六宫) ou dans les Six Palais de l’Est (Dōng liù gōng 东六宫).

L’effectif des Nobles Dames, Accompagnantes, et Promises, n’était pas limité, mais n’a jamais dépassé quelques dizaines. Elles logeaient dans des pièces latérales des cours des femmes de rangs supérieurs.
Par ailleurs, hors du cadre des conjointes de l’Empereur, il y avait des Dames de cour choisies (guān nǚzǐ 官女子), c’étaient des Dames de cour (gōngnǚ 宫女), autrement dit de simples servantes, que l’empereur avaient aimées.
Les servantes, quelques centaines à plus d’un millier, étaient issues de familles d’un statut social moindre que les conjointes de l’Empereur. Et contrairement à ces dernières, les Dames de cours quittaient la Cité interdite à leurs 25 ans.
Les empereurs Qing possédaient donc au plus quelques dizaines de conjointes (mais un nombre indéterminé de Dames de cour choisies), dans un système volontairement plus contraint que celui de la dynastie Ming (1368-1644), ce qui permettait d’afficher la mesure et la retenue attendues d’eux dans le cadre de l’idéologie confucianiste.
Cixi (1835-1908) offrit un bel exemple d’ascension dans la hiérarchie féminine de la cour impériale. En 1852, à l’âge de 16 ans, elle entra au palais au rang de Noble dame de l’Empereur Xianfeng. L’année suivante, elle monta d’une catégorie en devenant Concubine.
En 1856, elle enfanta un fils, et elle fut nommée Favorite, puis Noble favorite l’année d’après. En 1861, son fils devient l’Empereur Tongzhi à l’âge de 5 ans, et Cixi atteignit la dignité de Mère de l’Empereur. Cixi partagea la régence de l’empereur enfant avec l’Impératrice consort douairière Ci’an (1837-1881), l’épouse principale de l’Empereur défunt.

D’autres femmes vivaient dans la Cité interdite de Pékin. Tout en haut de l’échelle, il y avait la mère (huángtàihòu 皇太后) de l’Empereur, voire sa grand-mère (tàihuángtàihòu 太皇太后). Elles résidaient dans le Palais de la Longévité et de la Santé (Shòukānggōng 寿康宫), ou dans le Palais de la Compassion et de la Tranquillité (Cínínggōng 慈宁宫), situés au sud des Six Palais de l’Ouest. Le protocole les plaçait au-dessus de l’Impératrice consort, mais elles ne s’occupaient pas du harem.
Certaines veuves de l’Empereur précédent passaient leurs vieux jours dans la Cité interdite, au nord-ouest des Six Palais de l’Ouest. D’autres retournaient dans leur famille, ou passaient leur retraite dans un monastère.
Sources:
- Les rangs des femmes des empereurs Qing : Dictionnaire du Vieux Palais [故宫辞典], Wan Yi [万依] (éd.), Pékin : Éditions du Vieux Palais [故宫出版社], 2016, pp. 395-396. (Traduction des appellations chinoises par Rémi Anicotte.)
- Les portraits : Le Vieux Palais à cœur joie [畅游故宫], Jiang Qipeng [姜琪鹏], Pékin : Éditions du Vieux Palais [故宫出版社], 2020, pages 142 et 226.
- Plan de la Cité interdite [紫禁城布局平面图]: Éditions du Vieux Palais [故宫出版社].