L’empereur Koubilaï Khan – un petit-fils du conquérant mongol Gengis Khan – déclara Pékin sa capitale principale en 1272, après cinq ans de travaux.

L’urbanisation de la nouvelle ville fortifiée respectait les spécifications des Rites des Zhou (Zhōu lǐ周礼) instaurant un axe central nord-sud (Zhōngzhóuxiàn 中轴线) qui symbolise l’artère du dragon (Lóngmài 龙脉) ancrant la capitale du Fils du Ciel dans le monde tellurique. Un axe symbolique donc, sur lequel s’accumule les strates historiques de Pékin.
Nous explorons du sud vers le nord afin de garder le soleil dans le dos, en une longue journée marathon, ou par morceaux sur plusieurs jours, à pied, à vélo et par la ligne 8 du métro.

Notre périple commence à la porte Yǒngdìngmén (永定门), l’ancienne ouverture centre-sud des remparts Ming. Aux alentours se voient les eaux calmes des douves sud. Nous empruntons un vélo pour aller au pont de marbre Tiānqiáo (Pont céleste 天桥) entre le Temple du Ciel et l’ancien Temple de l’agriculture. Par ce pont passaient une ou deux fois par an les souverains d’antan en chemin entre sa Cité interdite et les lieux des cérémonies impériales. Le reste du temps, se produisaient ici des saltimbanques ; le centre d’art Tianqiao (Běijīng Tiānqiáo yìshù dàshà 北京天桥艺术大厦) témoigne de cette facette du passé de Pékin.
Nous arrivons à l’extrémité sud de l’avenue piétonne Qiánmén dàjiē (前门大街) qui fut longtemps le cœur d’un des quartiers commerçants les plus florissants de Pékin, avant de devenir un quartier touristique animé. Perpendiculaire à l’avenue, la ruelle Dàzhàlán (大栅栏) – ou Dàshílánr en pékinois – abrite le plus ancien cinéma de Pékin nommé Dàguānlóu Yǐngchéng (大观楼影城) et fondé en 1905.

@Rémi Anicotte (18 juillet 2020).
Au bout de l’avenue piétonne se dresse la porte Zhèngyángmén (正阳门) est souvent appelée porte Qiánmén. Le deuxième niveau de la librairie Page One dans le complexe Beijing Fun (Běijīng fáng 北京坊) en offre une vue spectaculaire : nous voyons un édifice percé d’une ouverture et surmonté de lucarnes d’archers du côté de l’avenue piétonne, et une deuxième tour, ouverte aussi, avec des piliers caractéristiques de l’architecture protocolaire du côté de la place Tian’anmen. Les deux bâtiments étaient placés de part et d’autre d’une cours de contrôle (wèngchéng 瓮城) qui fut démolie vers 1906, ils sont aujourd’hui séparés par la ligne des boulevards Qianmen Est (Qiánmén dōng dàjiē 前门东大街) et Qianmen Ouest (Qiánmén xī dàjiē 前门西大街).

Nous sommes face à la place Tian’anmen (Tiān’ānmén guǎngcháng 天安门广场) où se dresse le Mausolée de Mao Zedong, et où se voient le Monument des héros de la Révolution, ainsi que le lever du drapeau tous les jours à l’aube.
Il est possible de contourner la place, notamment par l’ouest pour admirer l’ovale de verre de l’Opéra national (Guójiā dà jùyuàn 国家大剧院) dessiné par Paul Andreu. Les Pékinois le surnomme l’Œuf de canard.

@Rémi Anicotte (19 septembre 2020).
Vient ensuite la Cité interdite achevée en 1420, ses douves et ses remparts ; les blocs de marbre posés au XIIIe siècle par les Empereurs mongols y matérialisent toujours l’axe central . Elle fut la demeure de quatorze empereurs de la dynastie Ming et de dix de la dynastie Qing. Elle devint un musée en 1925. Nous y accédons en marchant de la porte de la Paix céleste (Tiān’ānmén 天安门), tout au nord de la place éponyme, jusqu’à la porte du Midi (Wǔmén 午门) qui est la seule entrée de la Cité interdite ouverte au public. Une autre fois nous atteindrons la porte Wumen en musardant du côté ouest à travers le parc Sun Yat-sen (Zhōngshān gōngyuán 中山公园), ou peut-être en faisant un détour du côté est par le Temple des ancêtres (Tàimiào 太庙).

@ Rémi Anicotte (15 janvier 2022).
Nous sortons de la Cité interdite par sa porte nord dite de la Bravoure militaire (Shénwǔmén 神武门). Elle est protégée de la froideur septentrionale par la Colline du charbon (Méishān 煤山) qui se nomme ainsi parce que s’y entreposait le combustible du chauffage hivernal du palais. Elle est communément appelée Colline des panoramas (Jǐngshān 景山) en chinois. Du plus haut des kiosques se contemple les toits couverts de tuiles dorées du palais impérial au sud. Au nord-ouest s’aperçoit la pagode blanche construite au milieu du parc Beihai en l’honneur de la venue du 5e dalaï-lama à Pékin en 1653.

@ Rémi Anicotte (30 juillet 2019).
Nous prenons un vélo pour rouler en direction de la Tour des tambours (Gǔlóu 鼓楼) et de la Tour des cloches (Zhōnglóu 钟楼). Nous approchons des lacs Qianhai, Houhai et Xihai, puis des douves nord de la ville des dynasties Ming et Qing, avant de prendre le métro à la station Guloudajie (鼓楼大街) jusqu’à la station Beitucheng (北土城) où s’observent les vestiges des remparts nord de la ville de Kubilaï Khan.

@Rémi Anicotte (3 août 2019).
Nous reprenons un vélo jusqu’aux sites olympique des Jeux Olympiques d’été 2008. Nous y faisons une balade sur la passerelle aérienne du Nid d’oiseau (Niǎocháo kōngzhōng zǒuláng 鸟巢空中走廊) surplombant le Stade national (Guójiā tǐyùcháng 国家体育场).

@Rémi Anicotte (31 juillet 2019).
Ensuite, de la terrasse panoramique au sommet des Tours olympiques (Běijīng àolínpǐkè tǎ 北京奥林匹克塔), notre vue embrasse du côté sud cet axe central de Pékin que nous venons de parcourir. Et au nord, les montagnes cachent les vestige de Xanadu (Yuán Shàngdū yízhǐ 元上都遗址) la capitale estivale de Kubilaï, à 300 km.

@Rémi Anicotte (31 juillet 2019).
Sources:
- Divers plan de l’axe central de Pékin ici.
- Rémi Anicotte (2022) Six chapitres d’histoire de Chine. Publication indépendante.
- L’axe central de Beijing, une artère historique (articles de la revue Dialogue Chine France).
Lien: Visites guidées et explorations urbaines en Chine.
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